• Toi qui lis ces lignes, lis-les attentivement. Car je vais te raconter une histoire ; mon histoire.

    Commençons par le commencement. Posons les bases. Je m'appelle Eilwenn. Eilwenn Yaguel. Ma mère m'a dit que, si les significations de mon nom et mon prénoms figurent l'innocence et l'angélisme, ce n'était pas un hasard : je suis l'ainée de ma fratrie. Jusqu'à ce que je sois créée, ma mère pensait être stérile. Tout son amour maternel s'est donc concentrée sur moi, "front blanc", de la famille "que les dieux protègent".

    Tant mieux, pourrait-on dire, j'ai eu une enfance heureuse ! Oui, c'est vrai... J'ai réussi à être heureuse. Mais ne croyez pas que c'est dans mon foyer que se trouvait mon bonheur ! En réalité, dès mon plus jeune âge, j'ai fui mon père, qui me maltraitait. Dès le lever du jour, je courrais à vive allure voir mon voisin : Neventer. Bien sûr, lui était bien plus âgé, et je ne jouais que peu avec lui. Mais, je ne cherchai pas un enfant, je cherchais l'adulte qu'il était, et le père qu'il représentait pour moi. Bizarrement, je ne me souviens qu'à peine de Nelsine. Mais j'imagine qu'à cette époque, elle marchait tout juste, puisqu'ils n'étaient pas encore partis, elle et son père. C'est leur départ, en quelque sorte, qui changea ma vie, indirectement.

    Ainsi, après leur départ ( j'étais encore jeune à cette époque, tout juste 6 ans ), leur bâtisse était dans un piteux état, et j'avais interdiction de m'en approcher. Personne ne m'a jamais expliqué ce qui s'était passé. "Ils sont partis." Voilà la seule explication que j'ai jamais eue. À cette époque, mon père était peu présent ; il aidait le reste du village pour les récoltes, et s'occupait des terres de Neventer, dont il s'était emparé. Ma mère, toujours aussi aimante, m'a enseigné bon nombre de choses : la cuisine et la danse, comme toute jeune fille paysanne avec un bon revenu. Mais aussi la base de la culture, de la couture, du chant, et de la lecture. Tout mon coté maternel était érudit, du fait qu'ils aient bon nombre d'artisans et de convertis. Les convertis étaient des moines et autres prêtes, leurs nom venait du fait que la religion catholique ne soit pas la nôtre, et que l'on nous forçait à nous convertir. Les petits villages comme le mien y étaient d'ailleurs assez hostiles, mais on avait pas le choix, alors on faisait semblant.

    J'ai donc appris bon nombre de choses, élevé mes frères et sœurs, et ai vu ma famille sombrer petit à petit. Mon père, nous martyrisant de plus en plus, nous privait de nourriture, préférant s'acheter de nouvelles terres et bêtes, de nouveaux habits, et boire avec ses "amis". Je sentais l'heure de mon départ proche. Pour quelle destination, et dans combien de temps exactement ? je n'en savais rien. Mais mes 15 ans, mon habileté avec le bétail et l'herboristerie et mon aisance à danser compensaient largement ma faible dot aux yeux des autres hommes du village... Chose que je redoutais plus que tout au monde. Plutôt mourir que vivre la vie de ma mère.

    C'est alors qu'un soir, en rentrant d'une chasse et cueillette de champignons assez fructueuse, tandis que je cachais mon butin pour le partager avec le reste de ma fratrie en douce, j'entendis des éclats de voix provenant de la maison (si on pouvait appeler ça "maison" ). Mes parents, pour je ne savais quelle raison, en étaient venus aux mains. En entrant, le visage ensanglanté de ma mère me frappa de stupeur. Enragée, mon poignard frappa mon père dans la main qu'il levait une fois de plus sur ma mère. Un hurlement de bête résonna dans la pièce. Je couru dans ma chambre, rejoignant mes sœurs, effrayées et cachées sous notre lit. J'entendis ma mère supplier mon père, puis plus rien. Un silence de mort envahi la maison. Quelques bruits de pas, un lit dans lequel on se couche.

    Quelques heures plus tard, mes sœurs endormies et rassurées, je me levai. Ma mère, dans la grande pièce, pansait ses plaies. En silence, je me mis à mouiller les bandages, y appliquer l’onguent cicatrisant, le visage sombre. D'un regard, elle me fit comprendre qu'il fallait sortir. Je me faufilai donc jusqu'à la porte sans faire de bruit. Elle me suivit, et pris un paquet volumineux, posé à coté d'elle. Elle me le tendis et me somma de m'habiller, toujours sans émettre un seul son. Ma mère avait un don pour ce genre de choses. Les vêtement, pliés, encore chauds de la pierre de la cheminée, étaient à la fois légers et chauds. Ils ne grattaient pas autant que ceux que l'on portait habituellement. Je compris que ma mère les avait achetés pour l'occasion... Le départ, enfin. Ma cape habituelle enfilée par dessus, je me rendis compte que je partais sans dire au revoir au reste de ma famille, au bétail, au village... Je partais comme une voleuse, comme une honte de la famille que l'on souhaitait cacher. Mon visage avait dû s’assombrir, à ce moment là, car ma mère m'avait pris dans ses bras. Chose qu'elle n'avait pas dû faire depuis mes 6 ans, quand la personne que je considérait comme mon père était partie, elle aussi, sans me dire un seul mot. Elle me tendis un collier, constitué d'un dragon avec un œil violet. Ce collier, je l'aurai reconnu parmi mille semblables : c'était l'héritage de ma grand-mère. L’œil n'était autre qu'une améthyste, et le dragon représentait une divinité que ma grand mère adulait. Elle fut brûlée pour ça, d'ailleurs. Mais, qu'importe, ce collier avait pour moi une valeur inestimable, bien que je n'aie jamais connu "la sorcière". D'un geste protecteur, ma mère passa le collier autour de mon cou. L’œil brilla un instant, comme s'il pleurait à notre place, reflétant la flamme qui agonisait dans l'âtre.


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  • C'est ainsi que je pris la route. Les quelques vivres et la gourde trop peu remplie d'eau me permirent de tenir les deux premiers jours. Je voyageais de nuit et restais cachée le jour pour me reposer. Ainsi, personne ne sut dans quelle direction j'allais... Et moi non plus, d'ailleurs. Ma mère m'avait souvent montré une étoile, en me disant "si tu es perdue, elle t'indiquera la direction qu'il te faut prendre, c'est par là que sont nés tes ancêtres, ils te mettront toujours sur le droit chemin." Alors je tentais, tant bien que mal, de suivre cette étoile, tout en restant cachée dans les bois. Durant la première semaine, où je me nourrissait de fleurs, champignons, racines, et parfois de petit gibier - sans corde et avec mon seul poignard, la chasse était très difficile-, je fis attention à ne rencontrer personne. Mais la faim, la fatigue et la solitude se firent trop forts. Je me décida donc à aller en quête d'un village. Personne ne me connaissait, si loin de chez moi.

    Il me fallu encore trois jours de marche afin d'arriver au village le plus proche sans m'écarter de la direction qu'indiquait mon étoile. Là, je demandai simplement à dormir dans une étable. On m’accueillit avec une bienveillance toutefois teintée de méfiance. Je pu quand même boire du lait, remplir ma gourde d'eau, et obtenir un peu de pain. Dur et sans goût, mais du pain quand même. Je partis, pour n'inquiéter personne, de jour. Je suivi la route le temps de voir disparaitre le village, puis me posai près d'un ruisseau que j'avais aperçu, et tentai de pêcher, à l'aide de mon poignard, quelque poisson à faire frire. Il me fallait à tout prix remplir ma panse avant de repartir : je sentais mes forces s'amenuiser.

    Après un repas peu copieux, et essentiellement constitué de racines et de fruits, agrémenté de deux ou trois poissons ridiculement petits, je repris ma route, le soir commençant à tomber. Devenant de plus en plus habile, mes repas se firent moins frugaux, et je pu, au bout d'un mois, manger régulièrement lapereaux, Lapins, et autre petit gibier. Mes jambes devinrent plus musclées, et un peu de mon embonpoint ( encor que je ne mangeai pas à ma faim étant chez moi, simplement que je ne bougeai pas plus que je ne mangeai... ) disparu. Je dû pourtant m'éloigner sérieusement de ma trajectoire initiale, mon étoile me guidant trop souvent vers des routes. Je ne me résolu jamais, à vrai dire, à me confronter au regard et aux possibles questions des étrangers, préférant les éviter. Plutôt être affamée que devoir répondre à leurs interrogations.

    Un peu plus de deux mois après mon départ, et m'étant rendue compte que j'avais simplement, en deux semaines, fait une boucle, je décidai de suivre mon étoile pour de bon. Ce jour, j’eus 16 ans. Pour éviter les villages et les patrouilles, j'avais tenté tant de détours que je m'étais perdue et, croyant avancer, j'étais simplement revenue sur mes pas. Assise dans une clairière, non loin d'une bourgade, je me posai, et décidai d'interrompre mon voyage pour quelques jours. La fatigue, le manque de discussion, la faim, et surtout une prise de conscience terrible me firent m'arrêter : j'avais fui. J'avais fui la colère de mon père, fui les yeux lubriques des hommes des fermes alentours, fui une vie dont je ne voulais pas. D'un point de vue personnel, je ne pouvais considérer cela comme une mauvaise chose. Mais je repensai à ma famille. Quand je pense à ma famille, j’exclus automatiquement mon père. Mais ma mère, mes frères et sœurs... Je les avais laissés seuls, entre les mains d'un monstre. Ma mère était morte, j'en était certaine. Mon père, blessé, tant à la main que dans son honneur, avait sûrement rejeté sa furie vengeresse sur elle. Et je n'avais pas été là pour la protéger. Ma fratrie avait dû elle aussi souffrir et payer ma "rébellion". Mais je ne pensai pas à leur mort : ils pouvaient rapporter énormément d'argent à ce qui fut autrefois leur parent. Essayant de me calmer, je m'inventai alors toutes sortes d'excuses : ma mère m'avait poussé à partir, et c'était une chose très importante pour moi. J'ajoutai à cela quelques modifications de mes souvenirs, et tentai de me faire croire que ma mère aurait été tuée de toute façon. Souhaitant penser à autre chose, je partis chasser, et m'offrir un repas d'anniversaire.

    C'est en cherchant du gibier que des hommes me prirent en chasse. Je les aperçu et tentai de les semer, mais ils étaient plus forts et plus rapides. J’avais heureusement caché mes maigres rations et mon collier dans ma cape, sous des feuilles et branchages, au pied d'un arbre repérable. Je perdis tout de même mon poignard... Et reçu une sérieuse coupure à la jambe. Je fus heureusement trop sauvage à leur goût, et ma féminité ne les intéressa pas. Soulagée d'avoir perdu si peu, et un peu effrayée, je me cachai plus profondément dans les bois durant plusieurs jours.


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  • Après avoir pansé ma plaie, je repris mon chemin. Bien que ne chassant plus, un peu de repos m’eut permis de me renforcer. Décidée, cette fois, à ne plus rencontrer d'homme, je pris garde à m'éloigner des routes, et même des sentiers. Ceci ne pu durer, malheureusement, qu'un temps. J'arrivais en ces contrées où s'effacent les embruns marins, remplacés par l'odeur chaude de la terre. Mon étoile me semblais plus vive... Plus brillante. À plusieurs reprises, je crus voir l’œil de mon dragon scintiller, comme si le collier me transmettait... Sa joie. J'étais sur la bonne route.

    Je débarquai finalement dans la ville d'Ancenisium, ville immense comparée à ce que j’eus l'habitude de côtoyer. Les gardes semblaient moins agressifs, comme rassurés par la présence du château, immense, majestueux, et... Dérangeant. Les pierres reflétaient les rayons du soleil pour créer de l'ombre aux alentours, voilà quelle fut mon impression en voyant la masse de pierre, imposante et froide, qui se dressait devant moi. On m'apostropha à plusieurs reprises, sans pour autant me déranger. Les habitants semblaient préoccupés par autre chose... Je chercha donc quelque information. C'est à une taverne que je vis un groupe de gardes, discutant bruyamment. Ils parlaient d'une fête païenne, ce qui attira mon attention, en plein compté Chrétien. Ladite fête devait se dérouler dans deux jours, et ils l'appelaient "fête de Samhain". Samhain... Pour moi, c'était un simple rituel que l'on effectuais lorsque les jours devenaient sombres et que le froid mordant de l'hiver approchait... Une sorte de passage d'une saison à une autre, que les gardes nous interdisaient, par ailleurs. Alors pourquoi en parler dans cette grande ville ? La gente y était réellement plus ouverte aux cultures diverses qui formaient notre peuple Breton ? Je m'approchai d'eux, de sorte à mieux entendre leurs paroles. Déception ! Je n'y trouvai que mépris et insultes envers un groupe de personnes qu'ils appelaient "Païens". Ils parlaient de sorcières, d'une femme aux yeux violets, d'un barde plus que centenaire... Ma curiosité fut piquée... Si mon étoile m'avait guidé jusqu'ici, je devais les rencontrer ! Ma main se referma sur mon collier, chaud contre ma paume glacée. Mon souffle se calma peu à peu, et je senti les regards des gardes braqués sur moi. Je fis donc quelques pas pour m'en aller. Sur le pas de la porte de la taverne, j'entendis un des gardes lancer un "Eh, toi !" et accéléra, jetant un œil effaré vers ledit garde. Il bougonna un "Non, rien." et je pu disparaitre dans la nuit.

    L'attente fut terrible, et au fur et à mesure que le jour de la fête de Samhain approchait, je me faisait de plus en plus fébrile, oubliant jusqu'à la faim et au froid qui me tenaillaient. Qui étaient ces gens qui connaissaient les rites de ma grand-mère ? Pour quelle raison mon étoile m'avait-elle guidée jusqu'à eux ? Ma hâte de les voir me rendait nerveuse.

    Ce matin là, il faisait très froid. Pourtant, enveloppée dans ma cape, j'avais dormi comme un enfant. Mon collier diffusait une telle chaleur qu'il me semblait qu'il allait me brûler. Je me levais, quoiqu'un peu difficilement, et m'étirais, cherchant vainement à réduire mes courbatures. Déambulant dans les rues, cherchant le lieu de la fête, détail que j'avais stupidement oublié de chercher, je vis des enfants danser. Ils terminaient un cercle Circassien, et entamaient un rond de St Vincent. Un peu excitée, je me joignit à la danse, histoire de calmer un peu mes nerfs. Les mouvements réguliers de la danse, la coordination des pas et du mouvement de balancier des bras réussi à me calmer. Je les remercia et repris ma route. Un attroupement attira mon attention : vers le pont qui menait hors de la ville, un groupe de garde et plusieurs gens de haut rang étaient rassemblés, et semblaient tendus, pour la plupart. Un jeune, peut-être plus jeune que moi, aux cheveux blonds comme les blés, semblait être au commandement de la garde. Cela me fit penser au compte de Naoned, que l'on racontait être si jeune et pâle, candide, innocent. Mais il n'avait rien à faire ici, à moins que...

    Je me décidai à m'approcher, l'air de rien. Personne ne prêta attention à moi, et je fit semblant d'avoir à faire de l'autre coté du pont. Tout portait à croire que la fête se déroulait hors de la ville. Mon sentiment se trouva vite confirmé par les musiques et les voix que j'entendis en avançant. Ne pouvant me décider à approcher ces inconnus, qui, tatoués, m'intimidaient énormément, je me résolus à écouter leurs musiques, à l'abri des regards. Assise sur les bords de Liger, ce fleuve dont on m'avait tant parlé, je restai ainsi un long moment. Sans doute une bonne partie de la journée. Je me résolu finalement à aller à la rencontre de ces gens, la peur m'ayant soudain assailli : et s'ils étaient ici uniquement pour la fête ? Et s'ils partaient ?


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  • La fête battait son plein. Entre rires et musiques, on distinguait le bruit singulier des lames qui se croisent. À mesure que je m'approchais, je découvrais ces visages étrangers, marqués de couleurs, de lignes parfois fines et courbes, parfois dures et agressives. Je sentais les regards peser sur moi. Le poids du pendentif à mon cou était plus rassurant que jamais, me rappelant l'objet de ma venue. Il me fallait trouver celle que l'on appelait "La sorcière aux yeux violets". Peut-être connaissait elle mon aïeule ?
    Je fus interpellée par un dame assise à une table, majestueuse, droite, fière.... Si bien que je n'osai m'approcher plus avant. Maladroitement, j'esquissai une courbette si ridicule que j'en souri moi même. Je m'assis en face d'elle après qu'elle me l'ai demandé. Dans ses mains, un tas de cartes colorés, aux entrelacs finement dessinés. Relevant les yeux pour observer son visage, je compris qu'elle était aveugle. Ses yeux, entièrement noirs et légèrement voilés, semblaient avoir connu tous les âges, et observer le monde entier à chaque instant. C'est alors qu'elle regarda dans ma direction. Je me sentis, une fraction de temps,déchiffrée, dépouillée,  mise à nu. Avec un sourire, elle commença alors à mélanger les cartes et me demander de les choisir. 
    Ce qui arriva dans les instants qui suivirent me semblent encore flous, et mon esprit a encore du mal à retracer les événements précisément. Je me souviens que la dame me prédit de trouver les réponses à mes questions, et un foyer perdu. Puis elle m'annonça gravement que je mourrai pour défendre un être aimé. Mais qu'il ne lui semblait pas avoir pu prédire mort plus douce. Je fus troublée, et m'efforça de ne pas tenir compte de ce dernier avertissement.
    J'osai enfin lui demander son titre, afin de la remercier. Son nom résonnai au pus profond de mon être alors qu'elle le prononçait. "On m'appelle Dame Lyr, sorcière de renom, je suis gardienne de Lig, et du peuple Celte." Je me souviens parfaitement de cette phrase. 
    Elle se mit alors à me parler de mon collier, bien qu'elle ne pouvait pas le voir. Elle me parlai de mon ancêtre dont je n'avais pas encore précisé l'existence. Une vieille amie, battante et fière... J'étais abasourdie. Je m'en doutais, au fond, "la sorcière" ne pouvait être que Celte... Mais, comment tout ceci pouvait-il être réel ? Cette dame, sans rides, la considérant comme une vieille amie ? Mon esprit s'embrouillait. 
    On me présentai alors la sorcière aux yeux violets. Svanhilde, guerrière, un peu belliqueuse dans ses paroles, mais aux gestes trahissant une grande finesse et une grâce émanant de tout son être, correspondait à cette cape d'un blanc pur flottant sur ses épaules. 

    C'est alors que je le vis. Méconnaissable... Il me fallu un moment pour comprendre, pour que mon être accepte ce que mes yeux voyaient. Mes pensers refusaient d'entendre sa voix. Neventer.... Mon Neventer, ici !
    Je ne me souviens pas avoir couru si vite, même quand les bandits étaient après moi. Pleurant et riant, je lui sautai au cou. Un silence parcouru l'assemblée présente autour de lui. Seuls mes pleurs et ses rires résonnaient. 

    Il fallu bien des heures de conversation pour comprendre son périple, et je ne ferai pas la bêtise de le raconter ici... Il le fera bien mieux. Mais retenez que ce soir là, ce n'est pas seulement un homme que j'ai retrouvé, c'est mon foyer, et une famille. 

    Larmes aux yeux, je demandai à rester. Le regard de certains me fit regretter ma demande à l'instant même ou je la fis. Mais le regard encourageant de Neventer et le sourire de Dame Lyr me fit rapidement oublier cette gêne.

    On me présenta alors au Roi et Barde Taliesin. Désemparée, je cru obligé de me présenter. Il demanda simplement à Dame Lyr son avis, et cette dernière étant favorable, il répondis simplement que l'approbation de la Dame seul suffisait à me garantir une place au sein des Celtes.

    Ce soir là, à la lueur du feu, bercée par le son des chants et des lames, je m'endormi d'un sommeil paisible et profond, celui des voyageurs qui, après un trop long voyage, retrouvent enfin leur foyer. Je vit l’œil d'améthyste briller, avant de fermer les yeux.


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  • Ma plume en tremble encore. C'est à toi que je dédie ces mots. Toi, Draenn , ma chère et tendre. Toi, cavalière, désormais mienne. Mon regard ne se détache plus de toi. Je suis envoutée, ensorcelée. Moi, Walkyrie. Je suis ce que l'on appelle une guerrière, maintenant. Le temps a filé, mon innocence aussi. Désormais, je ferai couler sang et larmes.

    Je regardais mon visage au fond de l'eau. Rien n'y a changé. Mon regard semble trop doux, ma peau trop lisse. Pourtant, je sens au fond de moi cette Louve qui grandit. Cela fait bien un an que mon entrainement à commencé. Oui, un an. J'approche de mes 17 printemps, et voilà un an que je suis une Celte. Bretonne, toujours, avant tout. Mais une Celte parce que je me bats pour nos idéaux, pour nos terres. Parce que je me bat pour Taliesin, mon roi. Pour Lyr, ma dame. Pour Lig, le dernier Dragon.
    Mais il y a se battre et se battre. Jamais, jamais je ne pensais que je ferai couler du sang sur cette terre. En faire mon métier, ma vie ? Absurde, peut-être, mais vrai. Et c'est mon choix. C'est la voie que j'ai prise. Qui sait où cela me mènera ?

    Voilà que mon entrainement est terminé. Svanhilde, mon capitaine, m'estime prête. Je suis désormais à ses ordres, je lui dois obéissance, je lui dois ma vie. Bien sur, en réalité, ce n'est pas si terrible. Rien n'a changé, je crois, dans ma vie de tous les jours. C'est moi qui vois les choses différemment. Je crois, Draenn, que c'est en te voyant, que j'ai réalisé. Draenn... Mon épée, ma compagne. Pourquoi Draenn ? Pourquoi ce nom ? C'est ce à quoi j'ai pensé en te voyant. Une lame fine, luisante. Arrogante, aussi. Le combat est une danse, et Draenn ma partenaire. Voilà ce qui est. Draenn, l'épine. Draenn, femme aux trais si fins, danseuse hors pair, celle qui plait à ces homme de haute cour. C'est le nom qui t'allait le mieux, non ?

    Draenn toi que j'ai reçu, à la fin de mon entrainement. Toi, le signe que je ne suis plus une simple femme. Toi, qui marque mon attachement, mon amour pour les Walkyries. Mon amour pour les Celtes. Ma chère, deviens moi, sois simplement une extension de mon bras, fusionnons. Si je pars au combat, si les nuages menaçants nous mènent à cet orage que je redoute, alors dansons. Dansons sous la pluie, que l'eau lave le sang qui rougira notre terre de honte et d'honneur. Que Lig sois fièr de nous. Que nos ennemis tremblent.

    Je me battrai à tes cotés.


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