• Kallan est forgée du plus chaud des volcans
    Où te caches-tu ?
    L'hiver arrive, mais sa lame d'argent
    Te protègera de tous les inconnus.

    Sors de ta cachette, fille de la mer, la terre et le vent
    Sont tes aïeux, il savent où te trouver.
    Descend de ton arbre, fillette, avant
    Que le tonnerre gronde, et te fasse tomber.
    It's too late !

    Voilà, tiens cette épée, si lourde, entre tes mains
    Car tu deviens guerrière,
    Te voici, Eilwenn, te voici enfin.
    Sauve ton peuple de la misère.
    Is it too late ?

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  • Chevauchant sous la Lune
    Au galop à travers les dunes
    Sa cape flotte dans le vent
    à sa hanche luit une lame d'argent.
    Le destrier hennit.
    Une silhouette se détache loin devant
    Bientôt, une autre se dévoile aussi
    à gauche, et une à droite, l'encerclant.
    L'épée se soulève et reflète la lune
    Les étoiles contemplent silencieusement
    Sur la garde sont inscrite des runes
    Que les ombres peuvent lire lentement
    Le temps s'arrête.
    Draenn tranche les ombres
    Leur perçant en ces heures sombres
    Les nuages cachant la Lune
    Eilwenn s'en va par delà les dunes.


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  • Je me souviens... Oui, je me souviens.

    Ce soir là, ma mère et moi, en cachette, nous dansions. Je n'avais pas 10 printemps, alors, mais déjà je voulais danser. En partant aux champs, je dansais, en ramassant les collets que je posais à l'orée des bois, je dansais. Toujours, je dansais. Mais des danses d'enfants, des tours, des rires. Ce soir là, ma mère et moi, nous dansions. Je veux dire par là que mes pieds devaient se poser à des endroits précis. Mon regard, mes bras, mes pieds, la musique que ma mère chantonnait... Tout s’emmêlait. Nous avions bien rit, toutes les deux. Puis elle m'avais tout appris. Comment se tenir droite, bouger les pieds en les soulevant à peine, être légère, rapide. Faire des gestes calculés, précis, parfois amples, parfois à peine perceptibles. Ma mère m'a appris le regard. Celui qui lie deux êtres humains, lorsqu'ils dansent. Ma mère m'a guidée sans un mot, sans un geste. Rien que par ses yeux.

    Essoufflée, courbaturée, éreintée, j'ai à peine réussi à tenir la cadence. Nous avions dansé ainsi près de la moitié de la nuit. Et puis, le lendemain, nous avons recommencé. En quelques lunes je connaissait toutes les danses qu'elle pouvait m'apprendre, leurs chants, leurs rythmes. Je suis devenue Eilwenn la danseuse. L'enfant qui, lors des rares fêtes que nous pouvions encore célébrer, charmait les hommes par la danse. L'enfant qui prenait tout cela pour un jeu. Qui disparaissait bien sûr dans les jupons de sa mère à chaque fois que la musique s’arrêtait.

    Bien sur, je me rappelle comment la musique me transformait. Dès que j'entendais les premières notes, les premiers sons, j'accourais, prenant au passage la main d'un ami, d'un cousin. "On danse !", voici les seuls mots que j'ai adressé à bien des gens de mon village. Mais, je n'en avais que faire, moi, je voulais danser. Persuadée peut-être que j'allais danser toute ma vie. Aujourd'hui encore j'éprouve un certain plaisir à danser. Peut-être que le fait de grandir m'a rendue plus sage, mais entendre un chant me donne parfois cette nécessité de bouger, de déplacer mes pieds, l'un puis l'autre, sans précipitation. Avec précision, toujours.

    Pourquoi l'écrire ? Parce qu'aujourd'hui, j'ai dansé. Une danse particulière, étrange, singulière.

    Un bâton entre les mains, j'ai répété, répété encore les mêmes gestes. Encouragée par Svahilde et Swannée. Sous le regard critique d'Earendin, celui qui deviendra mon général. Si tant est que je parviens au bout de l'entrainement, prend-il plaisir à répéter. Derrière son air grognon, et le fait qu'il aie du mal avec mes origines bretonnes, je sais que c'est un homme d'honneur, et je l'apprécie. Toujours est-il que j'ai du les faire rire... Moi, la paysanne, si je sais lire, écrire, danser, et bien d'autres choses que je tiens de ma mère, je n'ai jamais tenu d'autre arme que mon poignard de chasse.

    Au début, je me tenais mal, je répétais les mêmes erreurs. Puis j'ai commencé à comprendre. En recevant ce regard, celui de mon partenaire -bien que de combat- j'ai compris ce qu'il voulait faire. Précis, le geste. La voix de ma mère résonnait dans ma tête. j'ai hésité, encore perdu. Mais je crois bien être têtue... Combien de lunes ai-je passé, ce bâton entre les mains ? Mes gestes devaient être parfais, mesurés, précis. Réglés à la seconde, calés sur la lame de mon adversaire. Mes yeux ne quittant plus ceux de l'autre, pont invisible entre nos pensées. Mes pieds frôlant le sol, se soulevant à peine... Légers, les pas. Un peu plus amples, prendre de l'allonge, être plus agressive, prendre les devants. J'ai commencé à danser, en quelque sorte.

    Après tout, tout ceci était une danse, à mes yeux. Mais la première leçon, ce fut celle-ci : on m'a prêté  une vieille épée. C'est contre Argan que je me suis retrouvée. Argan... Ce guerrier un peu étrange, un peu solitaire, un peu proche et lointain. Toujours à traîner partout, mais jamais avec nous. Le poids au bout de mon bras était perturbant, étrange. Comme s'il ne devait pas s'y trouver, et qu'en même temps... Il avait toujours été là.

    Le premier coup qu'il porta me fit reculer de deux pas. Surprise par la force qu'il avait mis dans le coup. Par son regard vide de sens, vide de tout sentiment. Argan était son épée et son épée était Argan. Voilà ce que j'ai pensé. L'instant d'une seconde, l'homme était métal. Puis il est redevenu lui meme, attendant que je reprenne mes esprits. Et il a recommencé. Cette fois je m'y était préparée, campée sur mes pieds, position de garde parfaite. Mais trop statique, j'ai manqué de tomber. Là encore le coup était dur, puissant, comme porté avec tout son poids. Voulant montrer que l'entrainement n'avait pas servi à rien, j'ai voulu attaquer. Mon coup, si faible, il l'a à peine paré. Juste essuyé d'un revers de lame, comme on s'éponge le front un jour de pluie. Mon corps tendu, mes pieds ancrés dans le sol, je me préparai à recevoir un nouveau coup. Mais Argan m'a contournée, me forçant à me déplacer. Là il a attaqué. Mes pieds ont reculé, sans que je le veuille. Par instinct. Le coup me semblai plus léger, et mon bras tremblai à peine tandis que je parais le coup convenablement. Un soupir de soulagement parcouru l'assemblée qui me scrutait. Au moins, je ne les décevrai pas totalement.

    J'ai prié ma mère de m'accompagner. Reprenant ma position de garde, je m'efforçai de bouger, laisser mes pieds danser, tourner. Si je ne parais pas tous les coup, si je reçu quelques bleus, au moins je pouvais attaquer de temps en temps. J'entendis quelques encouragements quelque part autour de moi, mais, fatiguée, je ne pu parer un coup d'Argan. La lame au ras de la gorge, je su que l'entrainement était terminé. La dernière note vibrait encore dans l'air, et mes jambes me lâchèrent. Trop de pression, trop de fatigue. Il pleuvait, je ne m'en était pas rendue compte. Sans mot dire, je suis retournée à ma Pennatte.

    Et ainsi me voilà, rassemblant mes forces pour écrire, pour me souvenir : il n'est pas question de se battre, avec une épée. Il faut danser.


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