• Chapitre IV - Samhain

    La fête battait son plein. Entre rires et musiques, on distinguait le bruit singulier des lames qui se croisent. À mesure que je m'approchais, je découvrais ces visages étrangers, marqués de couleurs, de lignes parfois fines et courbes, parfois dures et agressives. Je sentais les regards peser sur moi. Le poids du pendentif à mon cou était plus rassurant que jamais, me rappelant l'objet de ma venue. Il me fallait trouver celle que l'on appelait "La sorcière aux yeux violets". Peut-être connaissait elle mon aïeule ?
    Je fus interpellée par un dame assise à une table, majestueuse, droite, fière.... Si bien que je n'osai m'approcher plus avant. Maladroitement, j'esquissai une courbette si ridicule que j'en souri moi même. Je m'assis en face d'elle après qu'elle me l'ai demandé. Dans ses mains, un tas de cartes colorés, aux entrelacs finement dessinés. Relevant les yeux pour observer son visage, je compris qu'elle était aveugle. Ses yeux, entièrement noirs et légèrement voilés, semblaient avoir connu tous les âges, et observer le monde entier à chaque instant. C'est alors qu'elle regarda dans ma direction. Je me sentis, une fraction de temps,déchiffrée, dépouillée,  mise à nu. Avec un sourire, elle commença alors à mélanger les cartes et me demander de les choisir. 
    Ce qui arriva dans les instants qui suivirent me semblent encore flous, et mon esprit a encore du mal à retracer les événements précisément. Je me souviens que la dame me prédit de trouver les réponses à mes questions, et un foyer perdu. Puis elle m'annonça gravement que je mourrai pour défendre un être aimé. Mais qu'il ne lui semblait pas avoir pu prédire mort plus douce. Je fus troublée, et m'efforça de ne pas tenir compte de ce dernier avertissement.
    J'osai enfin lui demander son titre, afin de la remercier. Son nom résonnai au pus profond de mon être alors qu'elle le prononçait. "On m'appelle Dame Lyr, sorcière de renom, je suis gardienne de Lig, et du peuple Celte." Je me souviens parfaitement de cette phrase. 
    Elle se mit alors à me parler de mon collier, bien qu'elle ne pouvait pas le voir. Elle me parlai de mon ancêtre dont je n'avais pas encore précisé l'existence. Une vieille amie, battante et fière... J'étais abasourdie. Je m'en doutais, au fond, "la sorcière" ne pouvait être que Celte... Mais, comment tout ceci pouvait-il être réel ? Cette dame, sans rides, la considérant comme une vieille amie ? Mon esprit s'embrouillait. 
    On me présentai alors la sorcière aux yeux violets. Svanhilde, guerrière, un peu belliqueuse dans ses paroles, mais aux gestes trahissant une grande finesse et une grâce émanant de tout son être, correspondait à cette cape d'un blanc pur flottant sur ses épaules. 

    C'est alors que je le vis. Méconnaissable... Il me fallu un moment pour comprendre, pour que mon être accepte ce que mes yeux voyaient. Mes pensers refusaient d'entendre sa voix. Neventer.... Mon Neventer, ici !
    Je ne me souviens pas avoir couru si vite, même quand les bandits étaient après moi. Pleurant et riant, je lui sautai au cou. Un silence parcouru l'assemblée présente autour de lui. Seuls mes pleurs et ses rires résonnaient. 

    Il fallu bien des heures de conversation pour comprendre son périple, et je ne ferai pas la bêtise de le raconter ici... Il le fera bien mieux. Mais retenez que ce soir là, ce n'est pas seulement un homme que j'ai retrouvé, c'est mon foyer, et une famille. 

    Larmes aux yeux, je demandai à rester. Le regard de certains me fit regretter ma demande à l'instant même ou je la fis. Mais le regard encourageant de Neventer et le sourire de Dame Lyr me fit rapidement oublier cette gêne.

    On me présenta alors au Roi et Barde Taliesin. Désemparée, je cru obligé de me présenter. Il demanda simplement à Dame Lyr son avis, et cette dernière étant favorable, il répondis simplement que l'approbation de la Dame seul suffisait à me garantir une place au sein des Celtes.

    Ce soir là, à la lueur du feu, bercée par le son des chants et des lames, je m'endormi d'un sommeil paisible et profond, celui des voyageurs qui, après un trop long voyage, retrouvent enfin leur foyer. Je vit l’œil d'améthyste briller, avant de fermer les yeux.

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